Il y a des jours où j’ai mal à l’humanité
Jaipur, Inde, juillet 2017
Tant que l’homme restera sourd au cri de l’autre, il tournera en rond dans sa propre cage
Mal à ce qu’elle aurait pu être. Mal à ce qu’elle refuse encore d’être.
Dix mille ans… et si peu de chemin parcouru dans l’âme de l’homme.
On nous parle de progrès, de conquêtes, de technologie. On vante l’intelligence artificielle, les voitures autonomes, les voyages spatiaux.
Mais pendant ce temps, sur Terre, dans nos rues, dans nos cœurs, tout recommence. Toujours.
Le rejet. L’intolérance. Le besoin de diviser. L’obsession de la force. Le mépris de la loi.
Je suis fatiguée. Vraiment fatiguée.
De voir que la différence effraie encore. Que l’autre, s’il pense, aime, prie ou vit autrement, devient une cible.
Nous aurions pu apprendre à vivre ensemble, à faire de nos diversités une force.
Mais non. Il faut exclure. Enfermer. Étiqueter.
Et puis il y a cette guerre permanente. Cette soif de domination.
Ces hommes qui veulent « plus ». Plus d’argent. Plus de pouvoir. Plus d’emprise.
Trump, Poutine, Musk, et bien d’autres, malheureusement trop nombreux pour tous les nommer. Chacun à leur manière, des visages d’un même fantasme : régner. Décider pour les autres. Écraser au nom d’une « grandeur » qui n’est qu’égo.
Pendant ce temps, la planète suffoque. Les peuples fuient. Les droits reculent.
Et les lois ?
Certains les imposent aux autres, mais s’en exonèrent pour eux-mêmes.
Elles doivent pourtant retrouver leur noblesse première : celle de protéger, de garantir la justice.
Elles ne sont pas à vendre, n’en déplaise à ceux qui s’imaginent au-dessus d’elles.
Oui, je suis fatiguée. Profondément.
Parce que je sais que l’homme est capable de beauté, de poésie, de solidarité.
Mais il choisit encore, trop souvent, la peur, la violence, l’oubli de l’autre.
Je n’ai pas de solution miracle. Je n’ai que mes mots et des photographies pour exprimer mon malaise.
Mais tant qu’il me restera des mots ou des images, je les poserai là.
Pour résister à la laideur. Pour rappeler qu’un autre chemin est possible.
Pour ceux qui, comme moi, refusent de s’habituer à cette régression, à cette agression.